randonneur coucher de solei paysage

Que faire quand on se perd dans la nature?

Ça m’est déjà arrivé et ça vous est déjà sûrement arrivé. Ça peut arriver à chacun d’entre nous. Un peu de fatigue, un peu de brouillard, un moment d’inattention et paf! Perdu!  Heureusement la plupart du temps, ça se termine bien. Mais c’est un fait, chaque année beaucoup de personnes se perdent en forêt ou en montagne, en France ou ailleurs, pour une raison simple: se perdre, c’est facile.

Imaginez: « vous marchez sur un chemin de randonnée, suivez les balises d’un GR, le temps est nuageux et il est un peu tard. Le refuge n’est plus très loin. Vous rêvassez en marchant depuis plusieurs minutes (peut-être plus vous ne savez pas) quand vous vous rendez compte qu’il n’y a plus de balises depuis un moment. Vous regardez devant vous puis loin devant. Puis derrière vous. Sur les côtés. Non rien. Vous ne voyez personne non plus. Vous commencez soudainement à être très attentif.  Vous inspectez alors le chemin mais aucune trace de chaussure à l’endroit où vous êtes. Vous cherchez à nouveau partout. Les pensées se bousculent et vous commencez à vous demander: « Depuis combien de temps je n’ai pas vu une balise? Est-ce que je l’ai ratée? Est-elle plus loin? Dois-je revenir en arrière? En même temps c’est loin et il est tard. En plus je suis fatigué et je suis à peu près sûr d’être sur le bon chemin. Je ne sais pas trop en fait… » Ca y est! Vous êtes entré dans le monde inconfortable du randonneur perdu.

Peu importent les raisons qui l’expliquent, dans cet article nous allons considérer que le mal est fait. Tout allait bien. La forêt était belle. La montagne magnifique. Mais là plus rien ne vous intéresse car vous aimeriez retrouver votre chemin. Pour cela nous allons donc voir les principes pour faire face intelligemment à cette situation qui peut être effrayante voire dangereuse.

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Entre panique et sang-froid 

Oui intelligemment. Le mot est choisi à dessein. Car quand on se perd (ou comme lors de toute autre situation très stressante) on perd ses facultés de discernement qui peuvent conduire à prendre des décisions à l’opposé du bon sens

Un instinct contre-productif

Il y a de nombreux exemples de gens bien entraînés, habitués à la nature, que l’on a retrouvés des heures après dans une situation d’hypothermie ou de déshydratation avancée alors même que leur sac contenait tout ce qu’il fallait pour l’éviter.

D’ailleurs tous ceux qui se sont déjà perdus connaissent ce besoin de vouloir avancer coûte que coûte sans se donner le temps de réfléchir. On déteste tellement cette situation d’incertitude qu’en dépit du bon sens, on accélère, on se fatigue, on se déshydrate… Et alors on se met à trébucher, à escalader des arbres, des rochers, et on s’enfonce de plus en plus en croyant bien faire… La nuit arrive, les loups hurlent, alors on se voit déjà perdu à jamais. Panique à bord! C’est la débandade!

Pourquoi cette perte de sang froid et ce comportement inadapté? Parce que, face à une menace, c’est avant tout notre corps qui réagit, pas notre tête. Ça remonte probablement au temps où on était cul nul dans la savane et qu’il fallait se tirer fissa quand on avait un lion aux fesses (excusez mon passage synthétique mais non moins passionnant sur notre évolution) mais ceci explique qu’on se sert naturellement plus de ses jambes que de sa tête en cas de problème. Et là est l’erreur s’agissant du fait de se perdre!

Que faire alors?

Repos et acceptation 

Je ne saurais l’expliquer mais on peut rester (très) longtemps dans cet état étrange de panique où l’on sent qu’on est perdu sans vouloir le reconnaître. Comme si le fait de nier les faits et de continuer à avancer sans réfléchir allait permettre que tout rentre dans l’ordre.

Plus on restera dans cet état intermédiaire entre le monde des gens qui savent où ils sont et le monde des gens qui ont accepté d’être paumé, et qui prennent les décisions en conséquence, plus on paniquera et plus on se mettra en danger.

Il est très difficile d’évaluer avec certitude le degré de gravité de notre égarement. Posons donc ouvertement la question. N’ayons pas peur du résultat. « Sommes-nous vraiment perdus? » On s’arrête, on trouve un petit rocher et on s’assoit. On souffle un bon coup et on récupère. C’est comme cela que l’on retrouve son intelligence (que l’on a perdue en paniquant comme des gnous qui traversent une rivière de croco).

Deux hypothèses se présentent alors sur notre petit rocher:

    • Soit j’ai une carte et une boussole, je sais m’en servir et je retrouve mon chemin.

Tant mieux! On a fait ce qu’il fallait, on n’a pas cédé à la panique et tout est rentré dans l’ordre. Ouf! On ne se fera pas manger par les loups cette fois-ci.

    • Soit j’ai une carte (ou peut-être pas), je n’arrive de toute façon pas à me repérer malgré mon calme.

Alors passons à l’étape suivante. L’histoire n’est pas finie…

Choix et actions 

homme avec une carte

Statistiquement, on a plus de chance de se retrouver par ses propres moyens qu’avec l’aide des secours. Tout simplement parce que le temps que les secours se mettent en route parce qu’ils auront été prévenus, par des proches ou par vous-même, souvent 24 heures se seront déjà écoulées. Il en faut généralement moins pour se retrouver.

Mais faire ce choix dépend des circonstances. Dans certains cas il vaut mieux s’arrêter et s’organiser en attendant l’arrivée des secours.

Les circonstances

  1. Quelle heure est-il? Si la nuit est proche, il vous faut mieux trouver un coin sûr, abrité, et organiser votre nuit intelligemment. Même les meilleures trappeurs qui connaissent leur forêt auraient du mal à s’orienter dans le noir. Il ne peut en ressortir rien de bon à part une panique digne d’un bon film d’horreur dont on ne connaît pas la fin…
  2. Etes-vous loin de votre chemin? Comment le savoir? Si ça fait une demi heure que vous êtes perdu, et qu’un marcheur moyen avance à 5 km/h, vous êtes au pire à 2,5 kilomètres. On dit aussi qu’on met en moyenne 4 fois plus de temps à se retrouver que la durée depuis laquelle on est perdu.  En gros si on est perdu depuis 10 minutes, on mettra en moyenne 40 minutes pour se retrouver. Si ça fait une heure, on en mettra 4! Alors ce ne sont ni des calculs très précis ni vérifiables à tous les coups mais il me semble qu’ils sont utiles pour estimer la gravité de son égarement afin de réfléchir en conséquence.
  3. Quelles sont mes forces ou celles de mes compagnons? Si on est avec des enfants, qu’on est fatigué, qu’on est blessé, inexpérimenté, mieux vaut ne pas bouger, appeler les secours et organiser son camp. Intéressant à savoir: les personnes les plus à risques quand elles se perdent sont les enfants et les gens inexpérimentés (car ils paniquent beaucoup) ou les jeunes (car ils sont en forme, avancent, paniquent, avancent, paniquent…et se perdent encore plus). Les personnes plus mûres sont souvent plus réfléchies et savent leurs forces limitées donc elles se perdent moins (ou se retrouvent mieux).

On a maintenant deux choix en fonction des réponses à ces questions:

  1. soit on continue à avancer jusqu’à retrouver son chemin
  2. soit on s’arrête et on attend les secours

Hypothèse: « Je continue à avancer »

Il n’y a pas de solutions miracles ni de méthodes parfaites. Les bonnes décisions se font en fonction des circonstances et il serait inutile de chercher à toutes les énumérer.

Ne pas se mettre en danger et conserver son énergie seront toujours des règles fondamentales dans tout ce que vous déciderez.

Cependant voici les conseils que l’on peut donner quand on cherche son chemin :

  1. Marquez l’endroit où vous êtes (en cassant une branche, en accrochant un bout de tissu, en faisant un petit tas de feuille…) pour prévenir les secours de votre présence si jamais ils passent par là.
  2. Revenez sur vos pas. J’aurais tendance à refaire le chemin à l’envers. Maintenant qu’on est calmé, on devrait pouvoir l’accepter. Faire demi-tour est l’un des gestes les plus difficiles pour le randonneur. Il préférera sauter dans un rapide ou partir à l’assaut d’un 8A plutôt que d’accepter ce geste abominable. Allez savoir pourquoi? 😉
  3. Faites de grosses empreintes toujours dans l’optique de laisser des traces pour les secours ou de revenir où vous étiez.
  4. Cherchez et suivez les cours d’eau. C’est un classique mais sur le chemin des rivières se trouvent toujours les Hommes (ou un pont qui mène à un chemin qui y mène). De plus cela vous met à côté d’une source d’eau et vous protège du risque de déshydratation.

Hypothèse: « Je m’arrête et j’attends les secours » 

Notre principal objectif, si l’on s’arrête, est de s’organiser pour rester en bonne santé en attendant les secours.

Trois éléments sont prioritaires:

  1. Conservez votre température corporelle. Le risque d’hypothermie est élevé quand on n’est pas équipé (même en climat tempéré et en été) et surtout en montagne. Donc choisissez un endroit à l’abri du vent, du froid et de la pluie avec du bois à proximité (assez pour durer toute la nuit). La nécessité de faire un feu est intimement liée à sa survie et aussi à celle de se signaler. (Téléchargez Le guide pratique pour arrêter d’avoir froid dans la nature)
  2. Restez hydraté. On sait qu’on ne survit que 3 jours sans eau. Mais seulement après un jour sans, on ne pourra déjà plus bouger ni vraiment réfléchir. Donc priorité à se mettre à proximité d’une source au moment de déterminer son abri. Attention! Pas tout à coté non plus pour éviter le risque de montée des eaux en cas d’orage (ou lâcher de barrage) et aussi parce que les nuits sont plus froides. Donc mettez-vous un peu au-dessus ou à quelques minutes.
  3. Signalez-vous. Trouver un emplacement où l’accès au ciel est dégagé. Faire de la fumée avec un feu, écrire un SOS avec des branches ou des cailloux, mettre ce que vous avez de plus coloré afin d’être visible… Bref soyez astucieux pour être vu du ciel.

L’ordre de priorité dépendra ensuite des circonstances. En région chaude on traitera peut-être d’abord la question de l’eau et en région froide, la question de l’abri. Si la journée n’est pas très avancée, peut-être choisirez-vous de vous signaler en premier etc…

« What?! On ne parle même pas nourriture? » On peut survivre trois semaines sans manger. On ne partira pas donc à la chasse tout de suite…

Maintenant que l’on a envisagé les pistes pour réagir judicieusement, on va rappeler une liste rapide du matériel qu’on devrait toujours avoir sur soi avant d’entreprendre la moindre ballade.

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La liste du matériel à mettre dans son sac

D’abord quelques principes:

  • Je préviens des proches que je pars, pour combien de temps et où. Ne pas le faire peut coûter cher (vous connaissez le film 127 heures?)
  • Je me renseigne sur mon parcours (carte, météo…)
  • Je prend de la marge en partant tôt.

Je mets ensuite dans mon sac:

  1. un téléphone portable chargé. Sans cet objet, on est démuni. Imaginez avant… Éteignez-le tant que vous ne vous en servez pas et une batterie supplémentaire serait le luxe insolent!
  2. un briquet, des allumettes ou un allume-feu. Indispensable!
  3. une gourde remplie d’eau (avec pourquoi pas des pastilles purificatrices pour boire n’importe quelle flaque sans provoquer un essorage incontrôlé de ses intestins)
  4. un poncho pour se protéger des intempéries
  5. une polaire pour se protéger du froid
  6. un peu de nourriture (barres énergétiques, des noix, des fruits secs…)
  7. un couteau
  8. une carte et une boussole avec préparation de son trajet
  9. une couverture de survie
  10. Une frontale même s’il n’est pas forcément conseillé de se promener la nuit

Tout ce matériel prend très peu de place et ne pèse pas lourd. Pourtant chacun de ses objets s’avérera toujours utile et pas seulement si l’on se perd.

Voilà ce qu’on peut en dire. Je n’ai peut-être d’ailleurs pas tout dit, vous avez peut-être des choses à ajouter: une expérience, un avis, un conseil que j’aurais oublié… Je serais ravi de les lire.

D’ailleurs un petit dernier au passage: si vous vous perdez, dites-vous qu’au fond que ce n’est pas si grave. Sachons relativiser. Nous sommes juste coupés de toute aide extérieure pendant quelques heures (on se retrouve rarement à des jours de toute aide humaine sans savoir ce qu’on fait).  Et à mon avis si l’on adopte cet état d’esprit, se perdre pourrait même devenir le début de l’aventure comme le pense Nicolas Bouvier:

 « En route, le mieux c’est de se perdre. Lorsqu’on se perd, les projets font place aux surprises et c’est alors, mais alors seulement que le voyage commence »

En attendant j’espère que vous n’aurez jamais à mettre en pratique ces bons conseils.

Allez à bientôt!

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4 Commentaires

  1. Très bons conseils. J’ajouterai qu’il peut être bon aussi d' »apprendre à se perdre ». Ainsi il m’est arrivé quelques fois de me laisser guider par mes pas sans savoir où ceux-ci m’entraînaient et, au bout de quelques temps (minutes, heures…), de ne plus savoir où j’étais. Dans la mesure où je n’étais pas dans un bout de monde perdu complètement étranger et hostile (c’est-à-dire avec des Apaches ou des bandits à l’affût derrière chaque arbre), je SAVAIS que tôt ou tard je tomberais obligatoirement sur un sentier, une route (qui toutes mènent à Rome comme on sait) qui me permettrait de m’en sortir. Certes au prix quelques fois de détours pas toujours sympas mais aussi parfois de très agréables découvertes. Comme disait quelqu’un il faut parfois savoir se perdre pour mieux se retrouver !
    Ce genre d’expérience volontaire permet de relativiser, de ne pas s’affoler (ce qui est la pire des choses ainsi que tu le dis) et donc d’être un peu plus aguerri le jour où l’on se perd vraiment.
    Et c’est vrai qu’avec une (bonne) carte et une boussole, on s’en sort toujours.
    Ceci dit cela marche à condition d’être en bonne condition physique. Si l’on est blessé, et selon la blessure, je pense qu’il vaut mieux attendre les secours. D’où l’importance de dire où l’on va.

    • Ton commentaire me fait penser à cette citation que je viens récemment de découvrir: « En route, le mieux c’est de se perdre. Lorsqu’on se perd, les projets font place aux surprises et c’est alors, mais alors seulement que le voyage commence » Nicolas Bouvier. Du coup je viens de l’ajouter en intro de l’article. Merci pour ton partage Yves.

  2. On peut ajouter au fond de sac une trousse de premier secoure , un sifflet ( tres utile pour les secoures ou se faire identifier) et une lampe ( type frotale ,plus pratique si on doit marcher de nuit et ce faire repere par les secoures aerien ) sinon il existe des kit de survie vraiment très light mais là on est dans le luxe…..

    • Oui tout ce que tu ajoutes est très interessant. D’ailleurs j’ai ajouté la frontale qui est indispensable et que j’emporte d’ailleurs à chaque fois. Le sifflet est aussi pas mal car c’est tout petit, léger et capable de faire bcp de bruit. Merci pour les compléments Kris.

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