Damien Castera est un surfeur professionnel d’un genre à part. Il ne cherche pas la compétition pour enrichir son palmarès ni les plages bondées pour les fêter le soir venu mais parcourt la planète à la recherche de territoires solitaires pour s’adonner à sa passion. Il préfère la liberté et les contrées lointaines, libres des foules, plutôt que les trophées ou les points sur un tableau. On comprend assez bien.
Au départ, pourtant, Damien Castera ressemble bien à l’image que l’on se fait d’un sportif professionnel. Il court les compétitions à travers le Monde et tente de rapporter des titres. Ce qu’il fait en 2011 en gagnant une coupe d’Europe et en se classant cinquième des championnats du Monde. Malgré ces bons résultats, il décide pourtant d’arrêter pour se dédier au voyage de découverte et d’aventure.
Il rapporte de ses expéditions des films très réussies qui mêlent sa pratique du surf et son quotidien en autonomie dans la nature (voir Shaa tléin, la grande montagne: 1er prix du concours « les enfants d’Ushuaïa »). Il a sorti, il y a peu, le film ODISEA (ODISEA, l’Alaska au fil de l’eau) dont le concept est de suivre le cycle de l’eau, et dans lequel il descend d’abord en snowboard avec Mathieu Crepel (double champion du Monde de snowboard) des sommets de glacier Bay pour aller ensuite surfer dans le golfe d’Alaska. Prochain projet ODISEA: descendre des pentes enneigées de la Patagonie chilienne jusqu’à l’océan. Départ prévu en septembre.
On lui souhaite d’explorer le monde encore de longues années et de nous en faire profiter. Interview, sous forme de questionnaire de Proust, d’un surfeur iconoclaste en quête de liberté.
L’homme en quelques traits
Le plus bel endroit de la terre ?
L’Alaska
Le meilleur moment dans une journée ?
L’aurore qui promet une belle journée. Ou le crépuscule qui promet une grande soirée.
Le paysage qui te représente ?
La baie de Yakutat en Alaska, où les plus hautes montagnes s’engouffrent dans l’océan.
L’animal dans lequel tu aimerais te réincarner ?
Un ours brun
C’est quoi l’aventure ?
C’est sortir de sa zone de confort, dans un voyage, un travail, une relation.
L’aventurier(e) que tu admires ?
Patrice Franceschi, Sylvain Tesson, Paul Emile Victor. Mes potes de Solidream également. Désolé j’en ai mis plusieurs.
Un livre que tu emportes dans ton sac ?
Petit traité sur l’immensité du monde de Sylvain Tesson
Une musique ?
Les pink floyd.
Que sais-tu aujourd’hui que tu ne savais pas à l’âge de 20 ans ?
Ce que je veux avec plus de précision et ce que je ne veux pas. La quête d’une vie esthétique et riche de rebondissements.
Ta devise ?
Je la pique à Solidream qui l’a piquée à St Exupéry. « Fais de ta vie un rêve et de tes rêves une réalité ».
Le voyageur aventurier
Pourquoi voyager ?
Pour rassasier ma curiosité du monde.
La qualité d’un « bon » voyageur ?
La curiosité.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui part pour la première fois ?
Le plus dur c’est de partir, une fois en route, tout devient plus facile. Il faut avoir confiance en ses capacités.
Le voyage à faire au moins une fois dans sa vie (en France ou à l’étranger) ?
De Cuzco à San Pedro de Atacama en passant par Titicaca et Uyuni. L’un de mes plus beaux souvenirs.
L’objet porte-bonheur que tu as toujours au fond de ton sac ?
Je ne suis pas supersticieux et ne crois pas au pouvoir des objets. Peut être une fiasque de whisky écossais.
Une recette délicieuse en bivouac ?
Avec une rivière bien garnie, une poêlée de saumons sauvages. Mais ça demeure le luxe du repas de bivouac. De toute façon, le repas du soir après une longue journée éprouvante sera toujours un régal, et ce, quoi qu’on ait dans l’assiette.
Ce que tu préfères dans la nature sauvage ?
Cette sensation d’appartenance à un Tout.
Ce que tu détestes ?
La folie destructrice de beaucoup d’hommes qui empiète sur le rêve des autres.
Ton plus beau trip ?
L’Alaska et mes rencontres avec les grizzlys.
Ton dernier trip ?
Les îles Lofoten au Nord du cercle arctique Norvégien, un endroit que j’apprécie particulièrement.
Ton prochain trip ?
L’Australie.
Le voyage le plus fou que tu n’as pas encore fait ?
L’ Antarctique, mais il faudra que je fasse abstraction de ma peur du grand large et du mal de mer…
Quand prévois-tu de le faire ?
La vie me garde ça en surprise.
Le freesurfeur
Ton premier souvenir ou ta première révélation sur une vague ?
Depuis tout petit je baigne dans l’océan. Mes souvenirs sont un peu flous, mais mon premier tube reste certainement l’un de mes plus beaux souvenirs.
Que cherches-tu en surfant ?
Le surf est un moyen d’expression magnifique en harmonie avec l’océan. Il y a peu de sport où l’on fait entièrement corps avec l’élément. Dans certains endroits reculés, sans hommes, c’est un moment de privilège suprême.
L’as-tu trouvé ?
Oui en Alaska et en Namibie.
A quoi penses-tu sur une vague ou dans un tube ?
Pas vraiment le temps de penser, l’esprit avance machinalement grâce aux émotions.
Que t’a appris le surf ?
A rester connecté avec l’océan.
Si tu ne surfais pas, quel « métier » ferais-tu ?
Je ne sais plus qui disait que « le travail n’est pas un métier pour moi » Ca me va bien. Je pense que j’aurais été pauvre en essayant de vendre des livres…
Merci Damien.
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