C’est lors d’un voyage à pied au Spitzberg que Pierre Fijalkowski découvre le kayak de mer. Alors qu’il se débat depuis des jours sur un terrain boueux avec sa carabine et son sac de 35 kilos sur les épaules, il rencontre par hasard un groupe d’anglais qui venait par la mer en kayaks. Il n’en avait jamais vu. Il n’y avait jamais même pensé. Mais l’image lui reste.
A la fin de ses études de biologie à l’université de Grenoble en 1988, il décide de prendre une année sabbatique pour réaliser une grande expédition. Ce sera le long des côtes du Spitzberg. En kayak de mer. Et en solitaire. Il naviguera 1.000 kilomètres avant d’être bloqué par la banquise. Le virus est attrapé et il ne s’arrêtera plus. En 1991 il est nommé « aventurier de l’année » par la borne IGN aventure (ndr: conjointement avec Florence Arthaud et Christine Jeannin) pour son périple de 3.000 kilomètres en Alaska qui le voit rallier en solitaire Anchorage à Vancouver en kayak. Il a reçu de nombreuses autres récompenses pour ses aventures dont le grands prix France inter, Fuji, VSD…
Aujourd’hui il organise principalement des circuits pour des agences réputées de voyage (Allibert trekking, Nomade Aventure…) et proposent également les siens (Arctica-nature et musadam-nature). Il partage son année entre des hivers au Musandam (dans le détroit d’Ormuz à côté de Dubai) et ses étés dans les régions nordiques. Y a pire!
En préparation de mon voyage en Alaska, je désirais rencontrer un grand nom du kayak. Voilà chose faite.
Les questions qui vont suivre ont une exigence: avoir des réponses courtes. Rarement plus d’une phrase elles ont pour but de dévoiler avec décalage et simplicité un peu de la personnalité qui se cache derrière.
Sommaire
L’homme en bref
Selon toi:
Le plus bel endroit de la terre ?
Les Alpes du Nord. Là où j’habite. La sagesse est d’aimer être là où on est. Quand je suis dans un autre pays, je trouve que je suis bien là où je suis.
Le moment préféré dans une journée ?
Le repas.
L’animal dans lequel tu aimerais te réincarner ?
Le Beluga. La seule baleine qui sourit
C’est quoi l’aventure ?
Aller là où d’autres ne vont pas.
Le ou les aventuriers que tu admires ?
Magellan, Marco polo… Ce n’est pas exactement de l’admiration mais plutôt de la jalousie. J’aurais voulu aussi découvrir des territoires nouveaux.
Votre principale qualité d’aventurier ?
La prudence. C’est un savoir-faire d’anticiper les dangers.
Le livre qui t’inspire ?
Récits de la cabane abandonnée de Grey Owl. Mon père avait ce livre, et je dévorais autant le texte que les images.
Que sais-tu aujourd’hui que tu ne savais pas à l’âge de 20 ans ?
J’ai acquis de la méthode et de l’expérience, et j’ai plus confiance en moi. Je n’ai pas forcement un regard nostalgique sur mes 20 ans.
Ta devise ?
C’est plutôt une chanson : « Petit, les chemins de la liberté te feront mal aux pieds, va aussi loin que tu le pourras alors tu découvrira l’homme que demain tu seras. »
Le voyageur
Que cherches-tu dans le voyage ?
Trouver des gens différents. C’est bon d’élargir son horizon et sa façon de penser en adoptant de nouvelles idées.
L’as-tu trouvé ?
Oui. Cela ma permis d’avoir une certaine multiculture.
Qu’est-ce qu’un voyage réussi ?
Un voyage où l’on a atteint son objectif.
Un mot ou une philosophie venue d’ailleurs apprise en voyageant ?
Le bouddhisme et le Taoïsme. Je suis assez fasciné par l’Asie. Ce sont des pays qui permettent un meilleur lâché prise.
Plutôt seul ou accompagné ?
Plutôt seul.
Pourquoi ?
J’aime être face à moi même, me parler et être surpris par ce que je découvre. D’un autre côté j’aime aussi partager. Donc le meilleur compromis, c’est de partir la première fois seul puis de revenir en groupe pour partager.
La qualité qu’il faut pour réussir ses projets ?
La persévérance.
L’objet porte-bonheur de tous tes voyages ?
La musique. Elle permet de mettre en valeur la beauté des paysages, elle permet de vous arracher des émotions, elle vous console dans les moments de mélancolie…
Une recette en bivouac ?
Je fais au moins 10 recettes de poissons. La plus réussie ce sont les beignets de poisson croquant à l’extérieur et fondant à l’intérieur.
Une vie en kayak (et autres aventures dans les latitudes nord)
Ta première révélation en kayak ?
La rencontre avec une baleine à bosse en Alaska. La voir bondir complètement hors de l’eau et retomber dans un fracas d’écume, et cela à quelques mètres du kayak.
Ce que tu aimes dans ce mode de transport ?
Le silence et l’autonomie.
Ce que tu détestes ?
Le soleil ou le vent de face.
Comment choisit-on un trajet de voyage ?
Souvent à partir d’une image qui fait rêver.
La qualité d’un bon kayakiste au long cours ?
La prudence et la connaissance des lieux
Ta plus grande frayeur en Kayak ?
Quand des lions de mer sont venus protéger leurs femelles car je m’approchais trop près de la colonie.
Ton plus beau souvenir ?
Les arrivées des longs périples. C’est à la fois un soulagement et une grande déception.
Ton aventure la plus marquante ?
L’Alaska avec un périple de plus de 3000 km en solitaire durant 5 mois
Ta dernière destination ?
Je rentre du Monténégro où j’ai fait du repérage pour de prochain séjour. C’est encore une des régions assez sauvages d’Europe et cela n’est pas très loin.
Votre prochaine destination ?
J’aimerais aller en Corée du Nord. J’aimerais voir un des derniers pays replié sur lui même. C’est historique.
Le voyage de vos rêves que vous n’avez pas encore fait ?
Les grands espaces du Kazakhstan près de la frontière de la Mongolie.
Allez-vous le faire ?
Je ne pense pas mais qui sait.
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