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Que s’est-il donc passé pendant ce temps?
J’ai vécu un voyage exceptionnel pendant deux mois (cela n’aura pas échappé à certains) et, depuis mon retour, le voyage continue à faire ressentir ses effets.
J’ai également une certitude renforcée que je me martèle chaque matin : IL FAUT OSER. C’est de cela dont je voudrais vous parler.
Pour comprendre il faut remonter à octobre 2015.
A cette époque j’ai le rêve d’un grand voyage en Alaska en kayak. Soyons réaliste, au départ ce projet est complètement IRREALISTE. Vraiment. Au moment où j’écris « sur les eaux d’Alaska » en octobre 2015, je n’ai pas la moindre idée de la façon dont je vais m’y prendre pour mettre en oeuvre l’expédition que ce soit en terme de compétences ou en terme de financements. Même le trajet n’est encore qu’un gros brouillon dont je ne sais même pas évaluer la faisabilité.
Je sais seulement que j’ai un compagnon d’équipée – toujours le même, toujours présent – le reste ressemble à un mur très épais. Il faut être honnête, je suis à peu près le seul à y croire. Mes proches écoutent d’une oreille distraite pour ne pas s’inquiéter, mes amis sont à peine au courant. Chacun doute que cela deviendra concret un jour. Comment ne pas les comprendre? Rétrospectivement, pourtant, je crois bien y avoir toujours cru.
C’est peut-être parce que l’idée vadrouille bruyamment dans ma tête depuis quelques années déjà, et, que je sens qu’il est temps de lui accorder un peu d’attention. Mes rêves me jettent sur des rivières canadiennes en kayak, me font naviguer dans un archipel du golfe de l’Alaska, m’amènent à la rencontre d’ours et de baleines, me font allumer des feux et pêcher du saumon. Et bien soit alors! Si les voies du seigneur sont impénétrables, il semble que les mystères d’un rêve le soient tout autant.
Mode d’emploi d’une folie
Quand on a un projet de cette ampleur encore à l’état de gamète, deux comportements se défient:
- soit on planque l’idée sous le tapis, on continue sa vie en espérant qu’un jour on aura le temps, l’argent et les compétences réunies tous en même temps;
- ou alors on se botte la croupe, on en fait l’objectif principal, et on remue ciel et terre pour y arriver.
La meilleure façon que j’ai trouvée de ne pas céder à la première, c’est de faire une déclaration en grande pompe. Une fois que l’affaire est lâchée au grand jour, point question de reculer, il faut avancer. Il faut oser. Question d’orgueil. Là au moins si je n’y arrive pas, il y aura des raisons tangibles.
Voila donc la bombe lâchée un matin du 22 octobre 2015. Cela ne révolutionne la vie de personne. Sauf la mienne.
Je rassemble mes esprits. De quoi ai-je besoin pour commencer? D’argent. Le nerf de la guerre. J’ouvre un fichier excel, je rentre les dépenses (Télécharger le fichier voyage que j’utilise), fais l’addition et paf! Poids de l’aumonière: 22.000€ soit 11.000€ par tête de pipe. Voilà, voilà, voilà…
Le problème c’est que nous ne les avons pas. Pas un radis ni une tune, que dalle. Rien en tout cas pour acheter un billet pour l’autre bout du Monde, acheter deux kayaks, et tout le matériel, et vivre pendant deux mois. Où donc trouver cet argent sans lequel on restera devant Thalassa cet été?
Deuxième problème: le kayak est le moyen le plus facile et le moins onéreux pour voyager en mer mais quelle expérience en avons-nous vraiment ? Après trois secondes de réflexion, à peu près une heure ou deux chacun sur la mer méditerranée. Parfait.
« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer » (Guillaume d’Orange)
On se bat, on appelle, on frappe aux portes, on écrit des dossiers, des plaquettes, faisons des rencontres… Je vous passe les détails mais 10 mois plus tard, nous avons des partenaires qui financent, un guide qui nous conseille, et une semaine de perfectionnement en Bretagne pour faire du kayak dans des conditions assez proches de l’Alaska. Il reste une montagne de choses à apprendre, et nous n’avons pas le début d’un commencement de matériel, mais nous savons désormais une chose: nous y allons. L’aventure est en marche.
Que faut-il en tirer?
Tout cela n’est pas pour frimer (ou alors seulement un peu) mais plutôt pour vous dire que le prix de cet effort a payé et qu’aujourd’hui je suis revenu mi-septembre de l’expédition « kayak en terre sauvage » d’un voyage inoubliable au cœur des grands espaces de l’ouest Canadien et de l’Alaska. Les choses que j’y ai vues resteront gravées dans ma mémoire toute ma vie.
Ai-je pour autant posé le point final à cette aventure le matin où mon pied est redevenu français? Et bien non.
Plein de nouveaux projets s’empressent dans son sillage: un film que l’on est en train de réaliser à destination des festivals de voyage, une nouvelle mission avec l’un des partenaires pour créer des voyages, la publication du récit, des conférences pour les sponsors… Ce voyage fait ressentir ses secousses depuis mon retour et continuera de le faire – je le crois – encore longtemps. Cela est encore confus mais c’est en marche. Question de temps.
Pourquoi vous dis-je tout ça? Pour m’adresser à tous ceux dont la vie n’est pas entièrement satisfaisante.
Il faut oser. Il n’y a pas de chance ou alors si peu. Je suis l’exemple vivant d’un voyageur qui a repoussé sa frontière de l’impossible.
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles » Sénèque
Je suis sûr que vous le pouvez malgré toutes les excuses qu’on se raconte.
Tiens cela me donne envie d’écrire sur un autre sujet:
Pourquoi voyager n’est pas une chance? Vade mecum à l’usage de ceux qui veulent voyager.
J’ai hâte de vous en parler (désolé pour le teaser mais là l’article devient un peu long)
_ Alexandre
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